mardi 12 novembre 2013

Redécouverte du modernisme de la PRL

L'actuelle Varsovie est profondément nostalgique du przedwojenna Warszawa ("Varsovie d'avant-guerre"). Expositions, photographies, projections de films, reconstitutions en 3D, musées, spectacles et restaurants mettent en scène un paradis perdu, au goût des années 20 et 30. Souvent, les nostalgiques s'efforcent d'oublier la période communiste, au point de ne jeter qu'un regard reducteur et méprisant sur quatres décennies de "PRL" (Polska Rzeczpospolita Ludowa, République Populaire de Pologne), pointant du doigt les blocs d'habitation à perte de vue et la domination du gris.

Heureusement, l'on s'est récemment souvenu que Varsovie était une ville bouillonnante de créativité des années 50 aux années 70.  Les projets risqués et futuristes qui devaient combler les immenses espaces vides de l'après-guerre, sont devenus les repères familiers des Varsoviens. Après avoir surtout discuté de leur possible destruction pendant les 90's, l'on discute aujourd'hui rénovation et transformation.

La gare centrale, dworzec centralna, de 1975 a été conçue comme un forum antique sous-terrain, exemple parfait du modernisme en architecture qui privilégie le fonctionnel et l'épure. On y entre et en sort de tous les côtés, empruntant des dizaines de tunnels remplis de commerces. Le concept du projet d’Arseniusz Romanowicz et Piotr Szymaniak était en avance par rapport aux projets similaires en occident. La gare, longtemps délaissée au point de devenir glauque et étouffante, a récemment bénéficié d'une rénovation qui la remet en valeur. 


Halle principale de la gare centrale

La Rotunda est le lieu ou l'on se donne rendez-vous dans le centre. Elle a été inaugurée en 1966. Abritant une banque nationale, drapée de réclames publicitaires, elle fait grise mine aujourd'hui. Cependant, elle est le sujet d'un concours d'architecture et sera prochainement complètement transformée. Vous pouvez suivre la sélection des projets et les résultats sur rotunda2013.pl
Rotunda


Parfois, sans subventions publiques et grâce à des initiatives privées, des lieux abandonnés peuvent devenir emblématiques, tel que Powiśle. Un ancien guichet de gare, ressemblant à une socoupe volante, situé sous le pont Poniatowski, a été reconverti en bar. Le lieu est envahi par des foules de plus en plus denses chaque été.
guichet de la station PKP Powiśle

Pourquoi ce regain d'intérêt pour l'architecture moderniste des années 60 et 70? Il s'agit sans doute pour la jeune génération d'après 89 de se réapproprier un passé qu'ils n'ont pas connu et qui devient de plus en plus abstrait, malgré les histoires contées par leurs parents. Il s'agit aussi de "faire avec ce qu'on a", d'accepter l'histoire d'une ville détruite et sa reconstruction. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire