mercredi 5 février 2014

La Vistule se glace

Je l'enjambe tous les matins à l'aide de Poniatowski, la majestueuse. Elle, qui parcoure la plaine pour relier les successives capitales. Elle, qui juste avant de se fondre dans la Baltique, se souvient de sa naissance, 1200 mètres plus haut, quelque part dans le sud montagneux. Regardez la liste d'enfantillages qu'elle a engendré! Krakow, Sandomierz, Warszawa, Włocławek, Toruń, Bydgoszcz, et enfin, la ville libre, celle qui a refusé les maîtres prussiens, russes et polonais pendant des siècles, Gdansk.

Malgré quelques autouroutes nouvelles, les villes et les rares ponts, rien d'humain n'a vraiment réussi à dompter la Vistule. Elle reste l'un des derniers fleuves sauvages d'Europe de cette envergure. Les rives se déplacent au gré des saisons, même en plein centre de Varsovie, où les passants japonais se demandent s'il s'agit d'une installation écologique révolutionnaire.

Au début de l'hiver, les plaques de glace glissent encore avec aise jusqu'au sel, puis au milieu, c'est l'embouteillage. Tout se fige sans klaxon.

Si indomptable que Varsovie semble s'en méfier, en retrait. Récemment encore, c'était glauque, peu fréquentable, un quai-escalier des années 50 en béton armé qui sert de dépôt aux bouteilles de vodka usagées. Mais les travaux, les premières péniches qui s'amarrent et les étés arides ont insufflé une vie nouvelle, ou plutôt oubliée. On quitte le bitume par les passages piétons, on emprunte les sentiers à travers les bois pour se rendre aux plages éblouissantes.



Pendant les deux mois étouffants, la Vistule devient alors la seule adresse possible.

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